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qui est acbe?

"L'artiste Anne-Catherine Becker-Echivard n'est pas là pour noyer le poisson mais mettre en lumière avec dérision notre société et notre époque. Clin d'œil au roi du burlesque, Charlie Chaplin, son travail photographique s'intitule

"Les Temps modernes".

Cédric Cousseau Nouvel Obs

Née à Paris en 1971,
Anne-Catherine Becker-Echivard (acbe) grandit à Berlin où elle réalise des études de droit.
En 1996, elle s'installe à Paris pour se consacrer entièrement à la photographie, son domaine de prédilection.

Portrait réalisé en 2020 par Fernando Ruibal

L'originalité de son oeuvre tient en premier lieu à l'utilisation de véritables poissons comme objets de mise en scène.

Le poisson, considéré comme symbole de l'humanité, devient le sujet d'un jeu de rôle, d'une fable,

d'un conte à portée morale dans lesquels des caricatures humaines nous livrent une vision ironique de notre société de consommation. Ses compositions minutieuses et non sans humour ,

font de cette artiste contemporaine également une auteure, une metteur en scène, une costumière,

une décoratrice et une photographe de plateau.  On lui propose rapidement des expositions dont

une à la Pinacothèque, de Parisen 2007, aux côté des oeuvres de Roy Lichtenstein.

En 2009, acbe déménage et installe son studio photo à Berlin. 

texte de Bruno Delarue 2003

Dans l'oeuvre d'Anne-Catehrine Becker-Echivard, le poisson cache l'humanité au même titre que l'arbre la forêt. Le choix du poisson n'est pas un hasard. Animal sans poils, il n'a rien qui nous ressemble et sa mort nous est d'autant plus étrangère. Voilà un animal pour lequel nous ne pouvons avoir d'attachement pour la simple raison que son milieu naturel est si différent du nôtre.

Quand on se croise, l'un est mort, l'autre vivant et souvent en pleine digestion.

Anne-Catherine utilise la mort du poisson pour rendre vivante l'humanité en un jeu de rôle inhabituel mais avec un vieux principe de la fable. Car il y a dans cette oeuvre autant de La Fonatine que de Granville, l'humour en plus.

La vérité est le goût de la mise en scène. Dans ce théâtre intime, l'artiste est tout à la fois auteur, metteuse en scène, costumière, décoratrice et photographe de plateau. En réalité elle est le maître absolu de son univers et, comme tel, en subit toutes les joies mais aussi tous les avatars.

Libre et solitaire, elle se prend, en quelque sorte, toute l'humanité sur la gueule. Je veux dire par là que rien ici n'est gratuit, ni l'humour, ni la dérision, ni la manie du détail, ni l'ombre de Bukowski.

Rendre vie (apanage des Dieux) implique une perception aigue des choses, un regard perçant  de chouette diurne mais aussi de l'humanité quand il s'agit de comprendre tous les petits riens qui sont nos grandes manies. Ce que nous disent ces photos est que le tout est d'abord une accumulation de détails. Comme si la vie commencait par une somme d'attentions, par des croisements de regards, par quelques bras tendus. 

Sourire devant une oeuvre est déjà l'accepter. A ce piège, nous sommes les victimes consentantes.

Ici la délectation passe avant la raison.

Anne-Catherine a beau se cacher derrière le poisson et le poisson, pauvre bougre, se cacher sous son bonnet, elle est mise à nu dans son propre fillet, piégée comme ces ouvriers dans "Les Temps Modernes" qui enferment leur propre image dans un papier d'aluminium pour mieux s'offrir à la consommation.

texte de Gaya Goldcymer 2008

critique et théoricienne d'art
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"Les bestiaires d'artistes font partie d'une grande tradition en peinture, qui remonte au Moyen Âge et bien au-delà, jusqu'à la Préhistoire. Ils font partie de l'inconscient collectif de l'humanité et donc incroyablement présents dans les livres d'enfants, dans les fables, qu'elles soient de la Fontaine ou d'Esope, dans les contes de Charles Perrault et les histoires de Lewis Carroll. En créant un univers où de vrais poissons morts tiennent le rôle d'hybrides humanoides, Anne-Catherine Becker-Echivard s'inscrit délibérément dans une lignée prestigieuse et mise à l'absurde de la comédie l'humaine.

Les acteurs de cette scénographie sont les poissons qu'elle prépare, qu'elle habille et qu'elle positionne dans des dispositifs qu'elle photographie.

En critique de la déshumanisation liée au travail à la chaine et à la consommation de masse."

texte de Marc Restillini 2007

"Anne-Catherine Becker-Echivard (acbe) est une artiste dans la lignée directe des auteurs de contes moraux ou des fables de 18ème siècle. Comme le fit La Fonatine en son temps, elle recrée le monde selon un univers qui lui est propre. Elle crée des maquettes où les personnages sont des poissons habillés de costumes de sa fabrication dans un décor qu'elle réalise elle même. Puis, grâce à la photographie, elle met en fait un monde onirique, à la fois drôle et angoissant, restituant les défauts ou l'absurdité de notre société de consommation.

La question que tout le monde se pose :

pourquoi le monde du poisson ? Pourquoi plus le poisson qu'un autre animal ?

Ses mises en scènes de poissons séduisent, fascinent, envoûtent et parlent immédiatement et directement à tout le monde. Cela vient-il du fait que l'homme est issu du poisson ?

Cela crée-t-il cette proximité et ce sentiment à la fois symbolique et rassurant tout en étant extrêmement étrange ?

Pour ce travail, long et méticuleux, elle s'inspire des ses références littéraires ou cinématographiques pour créer son unives. Dans un monde fantasmagorique, entièrement reconstitué dans ses décors, elle donne une seconde vie au poisson mais également des expressions."

texte Fabrice Cormy 2008

La course au spectaculaire, au grandiloquent, au magnifique, à l’horreur, finit par rendre l’homme insensible. Aux soirs des grandes messes télévisées, il finit par ne plus voir, ne plus ressentir l’essence même des ce qui lui est offert. L’humanité qui émane de lui s’effiloche petit à petit, au fil des jours, au fil des drames, des réussites, l’homme finit par se perdre dans ces événements planétaires, se relégant ainsi au rang de figurant de sa propre existence.

Alors, une nuit, au bord d’un étang, les fées se sont penchées sur le cas des hommes pourtant si bien partis sur cette  belle planète. Elles ont décidé de le ramener à la raison, à sa raison d’être, vivre !

Vivre son temps sur cette terre généreuse et partir satisfait.

Mais comment faire, comment éveiller chez l’homme une prise de conscience qui le conduirait à repartir sur de bonnes bases? Penchées sur l’eau de l’étang, elles  ont vu, derrière leur reflet,  des petits poissons.

Les petits cousins à l’origine de l’homme ? Les frères de l’homme ? Le reflet de l’homme ?

Un mati, les hommes se sont réveillés avec de nouveaux voisins : la société des poissons.

Curieux, ils ont observé ce monde parallèle, ce monde qui les singe à merveille. Ils ont d’abord critiqué.
Ils ont observé de la négligence, du gâchis, de la cupidité, de l’aliénation.  Peu à peu, ils ont aussi perçu de l’espoir, de la sagesse,  de l’amour.

L’homme aura-t-il toujours besoin du poisson pour comprendre et tirer profit de ces leçons ?


 

texte Didier Rouzeyrol 2006

Les poissons d’ acbe ne regardent pas la terre. 


Ils y jouent. Ils jouent. Ils se jouent de nous.


Ils nous mettent en pièces.


Pièces en un acte, en une photographie.


Pièces de boulevard.

Mais les boulevards qu’acbe emprunte ne sont pas toujours de comédie.

Les vies s’y croisent, se regardent, se cherchent et se perdent parfois.


Pièce de monnaie.

Aussi dérisoire qu’un euro au fond de notre poche mais qui peut offrir un café qui réchauffe.


Pièce montée dans un mariage étrange, celui du burlesque et de la profondeur.


Pièce de boucherie lorsqu’un alcoolique solitaire saigne sa vie devant nous.


Pièce d’artillerie lorsqu’acbe dénonce l’usine, le quotidien.


Mais elle ne dénonce pas.


Justement, elle ne dénonce pas.
 Ses poissons montrent, illustrent, proposent, ouvrent.

Les poissons d’acbe jouent avec distance, retenue, froideur.

Pour nous laisser de la place, notre place.


A nous d’imaginer les dialogues, ou de préférer des silences.


A nous de rêver un avant, de craindre un après.


A nous de regarder en souriant dans ces photographies, miroirs déformés, décalés.


Se décaler pour mieux voir, c’est ce que réussit magnifiquement acbe.


Mieux voir les sentiments, les sensations ou quelquefois, plus douloureusement, leur absence.


Certaines images montrent la souffrance, la solitude.

Mais cherchez le détail, ce brin d’ironie qui … in extremis détourne du désespoir.


Le romantisme allemand sauvé par la légèreté française.


Parfois l’innocence.
 Parfois l’ivresse.


Les images drôles, ne sont jamais que drôles.


Les images tristes, ne sont jamais que tristes.


Il y a toujours autre chose.


acbe dirige ce théâtre qu’elle a construit, du scénario aux éclairages, habilleuse, décoratrice,

elle nous met en scène, sa fantaisie, sa sincérité, son amour frappent les trois coups.


Le rideau s’ouvre.


Sur autre chose.

 

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